Friday, April 29, 2016

Luxleaks: Guy le Taciturne, ou l’Omerta à la luxembourgeoise


Luxleaks. Photo ET











































Luxleaks: Guy le Taciturne, ou l’Omerta à la luxembourgeoise

Guy Heintz aurait pu être la star du procès Luxleaks aujourd’hui. Il était supposé répondre aux questions qui auraient été posées à Marius Kohl, mais qui, de santé fragile a dû rester chez lui. Cela aurait valu la peine que la Cour se déplace pour être à son chevet et poser les questions dont nous savons toutes les réponses. Juste pour confirmer. Car Guy s’est montré taciturne,

Guy Heintz s’est en effet réfugié sur les derniers centimètres carrés de souveraineté nationale : il s’est abrité derrière son statut de fonctionnaire et les lois luxo-luxembourgeoises pour dire zut à la face du monde. Le Luxembourg vient de gagner la bataille en respectant l’Omerta. Le Luxembourg vient aussi de perdre la guerre. Et voilà pour le « nation branding ».  Un Chef d’Administration, qui a certainement dû se concerter avec ses chefs politiques au gouvernement avant son apparition, a donné le ton du défi luxembourgeois au reste du monde. Luxleaks, comme une torture chinoise à l’eau, va continuer à creuser la réputation du pays, goutte par goutte. Et ce n’est pas fini. Ajoutez à cela les Panama Papers et les autres, à venir bientôt.

Pourtant, Luxleaks est le moindre des deux maux que le pays a dû affronter, l’autre étant l’évasion fiscale pure et simple. Luxleaks est le problème le plus facile à esquiver parce qu’on n’est pas seul a optimiser par rescrit : tout le monde le fait (moins bien que nous), les grandes firmes de consultance l’ont promu mondialement, les gros clients sont des états dans les états, et le Parlement Européen dit « bof » pour une enquête. C’est que « l’optimisation fiscale » est déjà un terme assaini. Aux Etats-Unis une blague entre consultants résume la question : « quelle est la différence entre « optimisation fiscale » et « évasion fiscale » ? Réponse : 10 ans ! En effet les Etats-Unis mettent les fraudeurs du fisc en prison. Pas les optimiseurs. Au Luxembourg personne ne court ce risque; seul Antoine Deltour risque la prison.


Avec son incapacité de déflecter ainsi l’attention des journalistes investigateurs vers d’autres cibles, comme cette occasion ratée d’aujourd’hui aurait permis de faire, le goutte à goutte continuera pour dénicher ce qui continue à grouiller et grenouiller, comme au bon vieux temps, derrière la façade de la nouvelle conformité acquise récemment à coups de traités sur la double imposition.





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