Monday, January 14, 2013

Avec SREL, la Cargolux fait une tête-à-queue.


Naples, Floride: coucher de soleil. Commission parlementaire, s.v.p. éclairez notre lanterne. Phot ET.

Avec SREL, la Cargolux fait une tête-à-queue.

Si dans un cinéma, vous désirez détourner l'attention de l'audience de l'action sur l'écran, essayez de crier: "au feu!"  Instantanément, vous aurez toute l'attention. Oublié James Bond qui pendouille de son hélico. Vous aurez peut-être aussi causé une panique, un drame. Bref s'il n'y a pas le feu, vous aurez quand-même affaire aux pompiers, aux policiers aux enquêteurs et aux juges. Votre imposture se terminera en tête-à-queue.

Après Livange et en plein cinéma sur l'affaire Cargolux, Monsieur Juncker a crié "au feu", enfin presque. Du bleu du ciel, il a révélé avoir été une victime dans une affaire d'écoute datant de 2008. Je présume qu'il a crié "gare l'espion!" pour détourner l'attention du public des affaires Livange et Cargolux. En effet, le gouvernement venait d'éviter une Commission d'enquête demandée par l'opposition pour dévoiler les dessous des affaires Livange et Cargolux. C'est le vote unanime de la majorité gouvernementale qui a décidé que l'on préfère l'obscurité à la pleine lumière. N'y pensons plus, il y a plus urgent: une affaire d'espionnage!

C'est une histoire sans queue ni tête qui nous a été servie: Marco Mille, ancien espion en chef du Grand-duché de Luxembourg, qui rapporte au chef des espions qui n'est d'autre que le Premier ministre Jean-Claude Juncker, aurait subrepticement enregistré une conversation avec celui-ci sur sa montre gadget. Sacrilège ultime, mais datant de 2008! L'enregistrement, par enchantement n'existerait plus. Taisez-vous Cargolux, vous ne voyez pas qu'on a à faire. Et tout ce qui grouille, grenouille et scribouille en perd la boule. Les rumeurs vont bon train, la technique des écrans de fumée et des miroirs est un plein succès.

Mais voilà! A l'époque du "copy and paste" et des media sociaux les vieux trucs ne sont plus garantis. Surtout si l'on veut dévoiler et rehausser un détail anodin en action héroïque,  en espérant qu'on oublie les cadavres dans la cave. Mieux vaut ne pas réveiller le tigre qui dort. Il se trouvera bien une preuve, un souvenir ou une copie quelque part. Et par bribes et morceaux on en arrive à la divulgation pure et simple de toute la vérité, cadavres inclus.

Ah, oui, pendant ce temps là, Qatar Airways cède ses 35% de participation dans Cargolux au gouvernement luxembourgeois. Pour $117,5 millions.

Mais le tout Luxembourg s'égosille sur les enregistrements, un disque CD crypté, le Bommeleeër, le Grand-duc dernière recrue du MI6. Le Premier ministre qui a lui-même déclenché l'affaire est furax, et en victime outragée, il  demande qu'on trouve celui qui a déclenché l'affaire. Le Figaro, Spiegel , la presse internationale se met aux premières loges de l'opérette qui se déroule. Et comme tout le monde est outragé entretemps, cette fois-ci on l'aura cette Commission d'enquête.

Comme le Figaro et le Spiegel, je me suis installé devant mon écran l'autre jour, pour suivre le premier acte de l'opérette. Le décor était un peu décevant pour moi qui suis habitué de voir sur ce même écran des sénateurs américains, cheveux argentés, costume cravate, perchés dignement sur un podium au-dessus du tiers état. La classe. Le témoin au milieu en contrebas, jamais certain de ne pas partir de là menottes aux poings.

Ici le scénariste a voulu une interprétation plus sobre, plus égalitaire. En témoigne le choix des tables IKEA disposés en U. Le témoin avait même rejoint la commission à la même table. Sa performance était une des plus brillantes, et on pouvait lire son expérience dans des organismes internationaux rien que dans son apparition et ses tremolos.

Monsieur Bodry jouait son rôle de capitaine unificateur et Monsieur Meyers mérite aussi un Oscar pour une démonstration très crédible qu'il connait sa boite à outils constitutionnelle. La voix du peuple était brillamment interprété par un second rôle, Monsieur Urbany.

Par contre, l'acoustique laissait à désirer. Par moments, je devais lire sur les lèvres de Monsieur Lux. Le cousin de quelqu'un qui a installé le système sonore devrait rembourser.

La diva du jour était Patrick Heck, et il a chanté. Nous avons appris au paroxysme de l'action qu'il y a bien eu des écoutes illégales, six ou sept en 2007 - 2009. Nous savons que Monsieur Juncker était au courant d'une au moins, le Monsieur avec les Madames thaïlandaises, comme nous savons tous depuis que nous avons écouté la montre de Mille. Et nous avons tous entendu Juncker qui disait Mhmm, jojo. Nous savons aussi qu'il ne va pas démissionner pour si peu. Même si par impossible le Wort le demandait.

Mais tout cela est du grand art, très récréatif. Et si entretemps, à l'entracte, on travaillait un peu sur Cargolux et les vraies affaires? 

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